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Notre étude : Comment les supports médias impactent-ils la formation et les apprentissages ?.



Circonscrivons tout d'abord l'objet de notre étude. Lorsque nous parlons des médias dans la formation, il nous faut distinguer formation « par les médias » et formation « aux médias ». La formation « par les médias » s'entend comme l’utilisation de films, d'émissions de télévision et de radio, de journaux, de magazines, d'affiches publicitaires ou de contenus de sites web, c'est à dire par exemple, le visionnage d’un film en classe d’histoire, la projection d’un documentaire scientifique pour traiter d’un thème particulier, l'utilisation d’articles de journaux pour aborder certains aspects de l’apprentissage de la langue maternelle ou de la langue seconde, l'usage interactionnel d'un forum de discussions en ligne etc. La formation « par les médias » renvoie ainsi à une pédagogie où les productions médiatiques sont au service de l’enseignement.

Dans le cas de la formation « aux médias », la perspective est tout autre : ce sont les médias qui deviennent eux-mêmes l’objet d’étude. Il s’agit alors de travailler sur les différents supports médiatiques en tant que modes de diffusion de l'information : le cinéma, la télévision, la radio, les livres, les journaux, les magazines, les affiches publicitaires, l’ordinateur. Puis d'identifier leur mode de fonctionnement et de s’interroger sur la nature des relations que nous établissons avec eux.

La question qui nous préoccupe nous oblige à nous intéresser à ces deux aspects. En effet, il est nécessaire de comprendre la nature des effets que produisent sur nous les objets médiatiques et leur contenu pour envisager de les utiliser dans le cadre d'un enseignement/apprentissage performant. Leur impact pourra alors être mesuré à la lumière de cette corrélation. C'est ce que nous allons tenter de faire dès à présent.

L'avis des spécialistes

Pour Richard E. Clark, les médias sont des véhicules qui délivrent l’enseignement. Ils n’influencent pas directement la réussite de l’élève, mais plutôt le coût, l’efficacité et l’accès à l’enseignement. C’est selon lui la méthode d’enseignement qui est prééminente et susceptible d’occasionner des différences dans l’apprentissage des élèves.

Robert B. Kozma estime pour sa part qu’on peut tirer parti des caractéristiques d’un média pour apprendre : la stabilité des informations présentées dans un livre, la simultanéité son/image de la télévision, la possibilité de traiter des informations en temps réel par ordinateur participent de cette différence. La méthode tire alors parti du média.

Afin d'établir un consensus, convoquons Jack Koumi qui pense qu’il faut plutôt essayer de développer et affiner les critères d’utilisation des médias pour une meilleure efficacité, au lieu d’essayer de les comparer entre eux, dans l’absolu. Koumi propose et justifie, avec une vue très pragmatique, une comparaison des mérites des différents médias. Ainsi, à l’inverse de Clark, il adopte une vision a priori du problème : connaissons mieux les avantages et inconvénients des médias avant de les utiliser et peut-être s’apercevoir qu’ils n’ont aucun effet sur l’apprentissage.

L'impact des "TICE"

On ne peut bien évidemment parler de l'utilisation des médias dans la formation sans évoquer les TICE (Technologies de l'Information et de la Communication pour l'Enseignement) : documents numériques, didacticiels, plateformes d'apprentissage, etc… sont autant d'outils omniprésents dans les « nouveaux médias » comme Internet.

En 1999, la Commission européenne adoptait un plan d'action dont l'ambition était de lutter contre ce qu'il était convenu d'appeler la « fracture numérique », qui qualifiait alors l’écart observé en termes de culture technique et d’accès aux TIC entre les différentes générations, les différentes catégories socioprofessionnelles et les différentes régions de l’Europe. Il s'agissait principalement d’améliorer les infrastructures afin notamment que toutes les salles de classe soient connectées à Internet, de former à tous les niveaux de la scolarité et tout au long de la vie les enseignants à l’usage des technologies numériques et de créer des plateformes d’apprentissage en ligne et d’enseignement à distance. Un certain nombre d'actions s'est donc mis en place à l'échelon national, qui n'a cessé de s'amplifier jusqu'à aujourd'hui.

Néanmoins, l'introduction des dispositifs techniques dans le système éducatif est parfois davantage conduite dans un esprit d’exploration des potentialités que dans une perspective d’établissement d’une plus-value pédagogique. Ainsi, les applications pédagogiques ne suivent pas toujours et ne sont pas systématiquement intégrées dans l'innovation et le changement technologique. Les professionnels de l’éducation sont alors réticents à employer les technologies qui ne reflètent pas ce qu'ils considèrent comme des pratiques pédagogiques actualisées.

Quoi qu'il en soit, les TICE représentent un important potentiel d'innovations pédagogiques et un réservoir quasi infini de nouvelles pratiques pour les enseignants comme pour l'ensemble du système éducatif. Pour esquisser une typologie rapide, notons qu’il y a six familles de ressources apportées par les TICE :

  • Logiciels généraux (traitement du texte, de l’image et du son) utilisés à des fins d'enseignement ou d'apprentissage.

  • Banques de données et d'informations (documents numériques : formats texte, image, vidéo…) pouvant être utilisées comme supports de cours et d'illustrations par l'enseignant ou pouvant servir comme source d'information pour les apprenants lors de recherches documentaires.

  • Manuels numériques enrichis de données nouvelles (vidéos…) et d'un outil de navigation unique (tablette numérique).

  • Outils de travail personnel (exerciseurs, laboratoires personnels) capables de s'adapter au niveau des apprenants, à leurs objectifs et à leurs parcours.

  • Simulateurs et systèmes experts, permettant de modéliser les phénomènes étudiés et d'en faire varier les paramètres.

  • Dispositifs de travail collectif, de mise en réseau, de communication (Espaces Numériques de Travail, plate-formes d’apprentissage en ligne).

Les exemples d'outils existants sont nombreux. Ils vont du simple didacticiel à la plateforme d'apprentissage en ligne. Et surtout, les méthodes d'appropriation des outils et l'usage de ces outils sont excessivement variables d'un enseignant à l'autre.

Essayer de cerner l’impact des TIC sur l’enseignement et l’apprentissage n’est pas facile. En effet, trois décennies de travaux sur le sujet, aussi bien en France qu’à l’étranger, font apparaître des résultats nuancés sur l’efficacité des TIC, voire contradictoires dans certains cas, tant les contextes et les situations sont variés. En résumé des différents travaux et selon le rapport de W.J. Pelgrum et N. Law, nous pouvons établir que les TIC semblent améliorer des connaissances, des aptitudes et des compétences transversales concernant particulièrement la motivation, le plaisir d’apprendre, l’estime de soi... En outre, la flexibilité, l’accessibilité, les modes de communication et d’interaction accrues, la variété des modes d’enseignement et d’apprentissage et l’augmentation de la capacité de résolution de problèmes et d’utilisation de stratégies métacognitives sont des éléments consignés par d’autres chercheurs et semblent faire consensus.

Conclusion de notre étude

Une méthode efficace pour un enseignement à distance pourra s’appuyer sur :

  • Une utilisation opportune des TICE : Internet (sites web et plateformes collaboratives pour la consultation de ressources pédagogiques numériques ; forums, wikis, blogs et plateformes collaboratives pour la co-création et la diffusion des ressources ; outils de visioconférence et logiciels de messagerie pour la communication), outils dédiés (logiciels auteurs ou open source dédiés au rapid learning et/ou au richmedia) et objets connectés mobiles (smartphones, tablettes, ordinateurs portables …) pour un apprentissage contextualisé ;

  • Une pédagogie inversée participative : travail collaboratif pour la co-création des ressources pédagogiques numériques et apprentissage entre pairs pour provoquer le conflit socio-cognitif et créer des conditions favorables à l’autodétermination des apprenants ;

  • Une flexibilité des enseignements : choix des modules de formation et adaptation des interfaces aux périphériques mobiles (responsive web design) pour favoriser la motivation des apprenants et faciliter l’accès à la formation.

 
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